Haiti: Cri d’alarme en faveur des asthmatiques
Environ un million de personnes souffrent d’asthme en Haiti, mieux connu sous le nom d’oppression. C’est une maladie respiratoire caractérisée par une obstruction diffuse des voies respiratoires dont la prise en charge nécessite l’administration d’oxygѐne et des médicaments bronchodilatateurs, c'est a dire qui dilatent les voies aériennes tels le Ventolin, l’Atrovent ou le Flovent.
C’est en effet là que le bas blesse: ces pompes coûtent extrêmement chers, et la plupart des asthmatiques ne sont pas en mesure de se les payer. En outre, beaucoup d’hôpitaux exigent les frais de 2500 gourdes (63 $ US environ)avant de mettre en route toute installation d’oxygѐne thérapeutique. A ce propos, un rappeur bien connu en Haiti, J Bobby, a rendu l’âme récemment dans un hôpital de la région métropolitaine, vraisemblablement parce qu’il n’a pas eu sa pompe à sa disposition ; et que le centre hospitalier en question à omis de lui administrer l’oxygѐne que requiert son état, faute d’argent. Toujours est-il que les personnes souffrant d’asthme en Haiti sont en grand danger pour des raisons suivantes :
1. Economiques: En termes de prise en charge de l’asthme et des maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC), l’arsenal thérapeutique occidental est dôté d’une panoplie de médicaments les uns plus efficaces que les autres. Le hic, c’est que la grande majorité de la population haïtienne ne puissent pas s’en procurer à cause de leur coût exorbitant. Au Canada, où j’ai eu ma formation en thérapie respiratoire aux termes de 3 années d’études, le système d’assurance médicaments de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ)permet aux citoyens d’acheter des médicaments sous ordonnance à des coûts raisonnables. Malheureusement, les contribuables haïtiens sont livrés à eux-mêmes ; et sont parfois, condamnés à mourir lorsqu’ils ne sont pas en mesure de payer ses soins médicaux et chirurgicaux. Quand il s’agit des maladies non urgentes ne menaçant pas immédiatement la vie du patient, celui-ci trouve le temps de s’organiser pour payer les frais exigés ; qu’en est-il pour des situations pathologiques d’urgence telles qu’une crise d’asthme dans laquelle le pronostic vital peut être sombre si on on n’intervient pas immédiatement ; car il n’y a pas d’oxygѐne qui passe au niveau des poumons, tandis que le cerveau ne peut survivre a un manque d’oxygѐne de plus de 4 minutes.
2. Socio-culturelles: Compte tenu de l’inexistence d’un système de vulgarisation sanitaire, les asthmatiques, pour la plupart, sont dépourvus d’informations scientifiques et rationnelles de la maladie. Ils ignorent, par conséquent, des données capitales dans la gestion de leur maladie, par exemple que les poils d’animaux de compagnie, les pollens des plantes, les poussiѐres, les moisissures, etc. peuvent déclencher les crises d’asthme. En effet, l’asthme est une hyperactivité du système immunitaire qui hyper réagit à des allergѐnes spécifiques. L’asthme peut être considéré comme une maladie capricieuse qui s’en va et revient au gré des saisons. Ainsi, il peut disparaître pendant plusieurs années; ce qui pourrait être interprété comme une guérison, surtout si on a eu recours a un guérisseur traditionnel. Il n’en est rien : cela fait partie de l’évolution normale de la maladie. Il ne faut pas se hâter de vanter le pouvoir magique du guérisseur, car la maladie peut réapparaître sans crier gare. Toutefois, l’asthme du nourrisson et de l’enfant tend a améliorer a l’adolescence. On n’en connait pas les raisons, mais on pense que les hormones y jouent un rôle.
3. Environnementales: La qualité de l’air est un déterminant primordial dans la qualité de vie de la population en général, et des asthmatiques en particulier. C’est pourquoi, les poussières générées par les routes cahoteuses, la fumée produite par les cigarettes et incinération des déchets domestiques, l’émanation du mono-oxyde de carbone par échappement des véhicules sont autant de facteurs pouvant déclencher les crises d’asthme.
Petits conseils pratiques à l’intention des asthmatiques.
1- Porter un bracelet mentionnant que vous êtes asthmatiques, car plusieurs médicaments et situations peuvent déclencher la crise d’asthme.
2- Toujours avoir ses pompes et aérochambre à portée de main ; et s’en servir lorsque la crise se déclenche. Plus tôt qu’on initie le traitement, meilleur sera le contrôle de la crise.
3- Eviter la compagnie de certains animaux de compagnie, comme le chien et le chat, car leurs poils constituent des allergѐnes pouvant déclencher la crise d’asthme.
4- Eviter les environnements pollués par la fumée des cigarettes.
5- Eviter autant que possible les exercices violents, l’air froid, les émotions fortes et l’anxiété.
6- Recueillir le maximum d’informations sur la maladie et les médicaments prescrits pour le contrôle de l’asthme, ainsi que les effets secondaires des principaux anti-asthmatiques.

Dr Jean Lionel Jérôme MD
Spécialiste en thérapie respiratoire
Montréal, Canada

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